
Les fabricants d’asphalte de Suisse romande misent sur la formation continue
Le professeur Nicolas Babey éclaire l’avenir de la mobilité routière
L’édition 2022 ayant été couronnée de succès, l’organisation d’une «journée de rencontre des exploitants de centrales d’enrobé de Suisse Romande» a été reconduite cette année. Découvrez comment l’économie circulaire influence la demande de transport sur route et sur rail – un échange inspirant tourné vers l’avenir.
A l’initiative du soussigné, une matinée réunissant une douzaine d’exploitants s’est tenue le 30 juin 2023. La rencontre a eu lieu au sein de la Haute Ecole de Gestion ARC de Neuchâtel.
L’objectif était de traiter de divers thèmes en relation avec le domaine des voies de communication et de la construction routière en sortant des habituelles problématiques qui sont celles des producteurs d’enrobé.
«Mobilité routière : réflexions prospectives»
Le professeur Babey a débuté son intervention en rappelant le contexte historique et le lien étroit existant entre le développement du réseau routier et le développement économique en général. Evolution continue depuis la voie romaine en passant par le développement des routes pavées pour aboutir à la chaussée asphaltée telle qu’on la connaît aujourd’hui grâce à l’avènement des produits pétroliers.
Fort de son expérience et se basant sur des données pas forcément accessibles de manière évidente pour le grand public, le professeur Babey a ensuite mis en avant de manière originale le côté incontournable de la route et l’augmentation continue de l’utilisation de cette dernière.
En effet, si l’on considère uniquement le transport des marchandises, la part modale du transport par rail, exprimée en tonnes/km, est passée de 52.9 % en 1980 à 37.3 % en 2021. Ce qui surprend à première vue car dans l’absolu, avec «le passage de la route au rail» et le développement des nouvelles transversales ferroviaires alpines (NLFA), le transport des marchandises par le rail n’a jamais cessé de croître.
Cela confirme l’importance de la route, qui toujours dans le contexte du transport des marchandises, a vu le nombre de «voitures de livraison» présentes sur les routes suisses passer d’un peu plus de 200’000 unités à la fin des années 1990 à près de 400’000 en 2020. Le nombre de camions étant lui resté stable sur la même période. Contrairement à certaines idées reçues, le phénomène des achats/ventes sur internet et des livraisons à domicile de biens de consommation en tous genres sont des évolutions ayant fortement contribué à l’augmentation de l’utilisation de la route.
Comme toute évolution rapide a son «revers de médaille», le développement fulgurant du transport routier a vu exploser le phénomène des bouchons. Ce sujet fût également abordé et nous avons ainsi pu constater que si l’on cumule les critères, charges de trafic, accidents et chantiers les heures de bouchons cumulées sur les routes suisse, sont passées de 10’000 heures / an en 2008 à près de 35’000 heures / an en 2022.
Le thème «veille prospective» versus «prévision» a ensuite été abordé de manière originale et très intéressante. La prospective, méthode d’anticipation apparue dans les années 1950, se différencie en effet des prévisions de croissance.
Un exemple d’anticipation prospective, fondé sur les limites énergétiques et matérielles planétaires a été présenté en mettant en comparaison les aspects «économie circulaire & économie linéaire» ainsi que «circuits longs & circuits courts ». Cas d’étude dans lequel les mots clés furent mondialisation des capitaux et des marchandises, innovation orientée énergie et efficience, augmentation des besoins en espace de stockage, développement économique, politiques publiques ou encore développement urbain.
Les échanges se sont terminés peu avant midi sur le constat suivant, par ailleurs intéressant pour les constructeurs que nous sommes : «La généralisation des principes de l’économie circulaire va augmenter les besoins locaux, nationaux et internationaux de transport des marchandises aussi bien par la route que le rail».
Pour conclure comme il se doit cette matinée studieuse, le groupe s’est ensuite déplacé en direction de Travers, ou Pierre-Alain Wyss nous a convié pour déguster un fameux «jambon bitume» préparé avec le savoir-faire particulier des collaborateurs de l’entreprise Valbitume SA, collaborateurs parmi lesquels travaille le jeune fils de Pierre-Alain assurant ainsi la prochaine transition générationnelle au sein de cette très belle entreprise familiale.